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« Le pâturage régénératif a relancé la productivité de nos prairies permanentes »

« Les parcelles résistent mieux au sec. Les repousses sont vertes et le sol est protégé », affirment Christophe (à gauche) et Pierre (à droite) Olivier.

Les sécheresses, combinées à peu de repos entre les pâturages, ont endommagé les prairies permanentes de Pierre et Christophe Olivier. Sans possibilité de mécaniser ces parcelles, une nouvelle méthode de pâturage de leurs bovins allaitants a boosté la production de biomasse.

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« À cause des nombreuses sécheresses, nos prairies se sont dégradées, et ne produisaient presque plus rien », explique Christophe Olivier, éleveur de 95 mères charolaises dans l’Allier, en Gaec avec son cousin Pierre. Les parcelles mécanisables ont été implantées en céréales, puis en prairies de longue durée.

« Pour les zones non mécanisables, nous devions trouver une autre solution. Nous n’avions pas grand-chose à perdre. » Alors, en 2023, Christophe et Pierre ont donné une chance au pâturage régénératif. Bousculant tous lesrepères de ces éleveurs herbagers, la méthode a permis aux prairies d’exprimer leur plein potentiel de pousse sans aucune intervention, jusqu’au stade de l'épiaison.

Pierre Olivier s’amuse du frein psychologique auquel il a dû faire face. « C’est simple, l’entrée des animaux sur la parcelle se fait lorsque la prairie est à un stade déjà très en retard pour une fauche. »

Un mois et demi d’affourragement d’été économisé

Pourtant, les vaches se sont rapidement habituées à la pratique. « Les animaux s’adaptent plus vite que le paysan, sourit Christophe. Ils mangent d’abord les épis, puis les trèfles au sol, et laissent les tiges. » Et c’est là, la clé de la résistance aux fortes températures.

« Les tiges, couchées par les animaux, protègent le sol, qui reste plus frais, explique Étienne Gautier, conseiller indépendant chez AgriNourrir. Les petites repousses au sol bénéficient alors de conditions optimales pour assurer la production de biomasse. » Dès la première année, les résultats impressionnent.

« Cet été, nous avons affourragé un mois et demi plus tard que tous nos voisins, s’étonne Pierre. La parcelle résiste mieux au sec, et la diversité naturelle des espèces est flagrante. Nous observons des plantes que nous n’avions jamais vues ici, comme le lotier. »

Du côté de la croissance des bovins, lesperformances de 2023 sont similaires à celles de l’année précédente. « En 2022, nous avions des gains moyens quotidiens (GMQ) autour de 1,3–1,4 kg pour des broutards de 7 à 8 mois, grâce à une très bonne météo. Avec le nouveau système de pâturage, nous avons une moyenne de 1,3 kg, malgré la sécheresse », chiffre Pierre.

Les vaches pâturent les épis et les espèces au sol, comme le trèfle. Elles laissent les tiges qui sont aplaties sous leur poids. (©  Gaec du Taix)

« Nous tournons selon le stade de végétation »

Le parcellaire a été réaménagé en paddocks plus petits, avec une installation de nouveaux points d’eau. Pour commencer le pâturage régénératif, il est nécessaire de retarder l’entrée des animaux sur la parcelle pour laisser la prairie prendre une avance de stock de biomasse.

« Nous avons augmenté le chargement. Schématiquement, nous avions 3 à 5 hectares pour 20 vaches et leurs 20 veaux. Maintenant nous avons le même nombre d’animaux sur 1,6 hectare », explique Pierre. Génisses de 18 mois, vachessuitées, génisses pleines… Tous les animaux ont testé la méthode. Les bovins restent en moyenne 5 jours sur une parcelle, même si rien n’est figé.

« Nous adaptons au quotidien les changements, selon la météo et le stade de végétation des plantes, et non plus selon la hauteur. Nous revenions sur la parcelle au bout de 18-20 jours. Maintenant, c’est plutôt autour de 38-40 jours », souligne Christophe. Étienne Gautier rappelle que le surpâturage ne résulte pas d’un chargement trop élevé, mais bien d’une durée excessive sur un paddock. Finalement, c’est uneforme de transfert de stockage, avec une herbe sur pieds plutôt que gardée en bâtiments ou silos.

« À l’automne, nous avons anticipé le retour en bâtiment pour cause de pluies importantes, précise Pierre. Nous ne voulions pas que les animaux piétinent trop les parcelles et impactent la repousse du printemps ». La saison 2023 s’est étendue du 15 avril au 15 novembre, contre du 1er avril au 1er décembre en 2022. Pour assurer les stocks hivernaux, 15 hectares de prairies temporaires sont semées annuellement, puis ensilés. « Le système était déjà autonome, mais montrait des faiblesses face aux sécheresses. La nouvelle organisation permet même d’avoir du rab », conclut Étienne.

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